De la canne au grog…

le 19 mai 2018

Cap-vert, Santo-Antao

Lorsque nous sommes rentré de Fogo, à Tchom di Meiu et dans toute la vallée, plus rien n’était pareil… une excitation perceptible, un va-et-vient sur les petits chemins agricoles, une foule de travailleurs dans les champs de canne à sucre…la vallée entière semblait s’être transformée.

Ces mêmes champs qui à notre arrivée irradiaient de fleurs comme milles flèches pointées vers le ciel, sont maintenant coupés ras, déjà prêts à repousser en vue de la récolte de l’année prochaine. En regardant plus attentivement nous avons vus de la fumée monter discrètement de part et d’autre de la vallée, une odeur douçâtre a rempli nos narines…plus aucun doute, ça distille!

C’est clair, faut qu’on aille voir de plus près…et ça tombe bien; Duke qui possède la merceria* du village nous invite justement à le rejoindre: c’est aujourd’hui qu’on s’occupe de transformer sa canne en alcool !

Pour arriver au trapiche* de Chã de Mato, on passe devant celui d’Ignacio (plus artisanal), où tous nos voisins distillent…Impossible de passer tout droit! Là aussi ça fermente, ça fume, ça brûle…une affaire d’hommes ! On goûte le grog encore chaud qui tire entre 20 et 30 degrés. Les hommes sont contents, les barils sont pleins* et l’argent de la revente va rentrer dans leurs poches…ou les vider selon qu’ils sont producteurs ou consommateurs (…)

Mais avant d’en arriver là, le labeur en a fait couler de la sueur! Nous avons vus tous les jours depuis plusieurs mois, hommes et femmes, couverts de la tête au pied, coupants la canne avec précaution car elle est urticante et coupante comme du papier.

Il faut encore l’acheminer jusqu’au trapiche à dos d’homme (ou de femme). Plus de 50 à 60 kilos sur l’épaule pour les hommes et la moitié sur la tête des femmes. Ils passent devant nous en tong. Jusqu’à 12 trajets dans la journée, avec parfois plus de 300 mètres de dénivelé.

Malgré ces conditions que nous trouvons difficiles, le sourire est sur toutes les lèvres. Un travail, aussi dur soit-il, qui procure autant de main-d’oeuvre dans la région, il n’en existe point d’autre…et puis…

… Il ne faut pas s’mentir, ici au bout du compte tout le monde sait pourquoi il transpire…

* merceria : épicerie qui sert également de bar et de lieu social

* trapiche : moulin traditionnel utilisé pour extraire les sucs de la canne

* * Au Cap-Vert la distillation est régularisée de janvier à juillet et la qualité contrôlée, même si pour l’heure le grog n’est pas exporté, on peut déguster le grog de Santo Antão sur toutes les autres îles (c’est le plus réputé).

Cet article a 5 commentaires

  1. André Thévoz

    Super ! De bien belles images et une magnifique prose.On en ?redemande.Gros bisous.

  2. Isabelle et David

    Merci ?

  3. Franck Roland

    Yooo *** parfums et saveurs sont au rendez vous de votre parenthèse ***
    Va falloir prévoir les stocks !!!

  4. Jean-Michel Roturier

    Merci pour ce beau partage.
    J’étais hésitant pour passer deux mois au Cap Vert en Janvier et février 2022.
    Maintenant, après vous avoir lu, je suis convainçu, même impatient.
    Encore merci.

  5. daviD238

    Merci pour votre commentaire, nous vous souhaitons 2 magnifiques mois au Cap-Vert 😉

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