En route...

le 21 novembre 2017

Lorsque le ferry accoste, tu as beau écarquiller les yeux, tu ne vois de cette île qu’une morne étendue aride, caillouteuse et qui te semble hostile. Maintenant que ton regard s’est familiarisé avec ce paysage, tu devines que plus loin, au cœur de cette île se dessine des chemins escarpés, des pics acérés, que tu aperçois depuis le port.

Mais déjà tu t’es fais entraîner par un chauffeur qui t’assoit d’autorité dans son pick-up, dont l’arrière est destiné au transport de passagers. Tu distingues finalement une route pavée à laquelle tu n’avais pas prêté attention en arrivant.
Cette jolie route sinueuse, construite à la sueur d’hommes adroits, serpente le long de la paroi rocheuse entourée à droite et à gauche par de l’aloe vera, planté il y a longtemps, pour atténuer l’érosion du sol.

Puis, après moins d’une heure, le col est franchi. Ca y’est tu es arrivé à la fin de ton périple en transports en communs ! Dès maintenant, seuls tes pieds vont te permettre d’avancer vers ta destination.

Après avoir récupéré ton sac à dos et tes esprits, tu contemples le paysage qui t’entours : un cirque profonds de quelques centaines de mètres, encerclé de la même paroi rocheuse que celle que ton chauffeur vient de gravir. Au fond, un tapis de couleur verte signale le dur labeur des hommes ; les parcelles morcelées sont cultivées toute l’année, aidées par la terre fertile de l’ancien cratère.

Et te voilà, cheminant en pente douce pour atteindre le fond du cratère et le contourner finalement jusqu’à son extrême bord. De là tu domines cette vallée dont on t’a tant parlé : La Vallée de Pàul !

Et qu’elle est belle, dominée de toute sa hauteur ! Et qu’elle est verte aussi ! Le contraste est saisissant, et te coupe le souffle. Ton regard porte loin. Au-delà des pics, des routes et des cultures, tu distingues même l’eau ! Cet océan agité que tu as quitté il y a peu, l’île n’est pas grande et tu viens de le réaliser.

Mais restons concentré sur le chemin qui va te conduire jusqu’à moi.

Tu amorces une descente qui va durer 2h00 et mettre à rude épreuve tes genoux, heureusement que tu as prévu des chaussures de bonne qualité qui te font admirer les habitants se déplaçant de façon agile en tongs et même pour certains pieds nus.

Depuis sa maison, une femme te hèle : elle tient dans sa main un sachet en plastique remplis de grains de café torréfié. Tu t’approche, ce qui te permets de te familiariser avec les habitations traditionnelles : les maisons sont petites, en pierre et le toit est fabriqué avec de la feuilles de canne à sucre séchée. La femme te parle avec chaleur dans une langue douce ; le créole portugais : un mélange de mots africains et portugais certainement imbriqués à d’autres langues, héritage des nombreux navires qui ont accostés sur ces îles perdues à 800 km des côtes.

Le paysage commence à se transformer et les hameaux à se densifier. Il n’est plus rare de croiser un homme ou une femme portant sa bêche sur les épaules arrivant ou quittant son champ, ou encore des enfants en petits groupes, arborant la même tenue d’école, bleue pâle ou vert pastel, riants et se chamaillant, comme le font les enfants du monde entier.

Le chemin escarpé laisse place à une route pavée alors que tu arrives au dernier village. Bordant la route sur les deux côtés, des maisonnettes peintes dans des couleurs vives. Et dans le fond de la vallée, une rivière qui coule en continu depuis le sommet de la montagne que tu viens de quitter.

Cette rivière il faut que je t’en parle ! Tant elle est vitale pour la vallée et ses habitants.

Elle sillonne sur plusieurs kilomètres le creux de la vallée. Les habitants en ont redessinés les contours en cultivant son lit dans sa partie la plus large. Manioc, arbre à pain, si tu décides de longer ces cultures, tu verras l’assiduité dont font preuve les paysans, bêchant, désherbant et récoltant sans cesse, chaque jours sans se décourager.

Et si ton regard se porte vers le haut, tu découvriras les cultures en terrasse, dessinées par la main de l’homme, il y a de cela plus d’un siècle. Tu te diras alors que du Lavaux à Santo Antao, les hommes ont de tout temps su exploiter les terres parfois inhospitalières qui étaient les leurs.

Il te faut grimper maintenant, car la maison qui va t’accueillir se situe sur le haut de la Vallée. Elle est perchée sur un promontoire cultivé, auquel on accède après une petite heure d’effort, et quelques gouttelettes de sueur échappée.

Prends ton temps et n’hésite pas à t’arrêter, boire un peu d’eau et contempler, le creux de la vallée qui de nouveau s’éloigne. Le silence qui de nouveau t’entoure…

A partir de là, c’est l’odeur des orangers qui te guide. Ce parfum tout à la fois délicat et écoeurant, subtile par moment et lourd à d’autres va t’accompagner jusqu’à la maison.

Un dernier effort et tu es là ! Après des mois sans t’avoir serré, comme c’est bon de te retrouver !

Cet article a 10 commentaires

  1. Yan et Carole

    Whaoo! Vous êtes bien inspirés ! Et ca nous inspire aussi beaucoup ! Cool! Et félicitations pour ce très joli texte digne d’un poète débarqué et conquis par ce nouvel environnement sauvage et éloigné de chez nous. On se réjouit de partager un p’tit bout de votre aventure 😉

  2. Vanessa et Alex

    C’est dingue on va voyager avec vous pendant 6 mois ? on se réjouis déjà de voir vos photos ensoleillées en janvier et février…

  3. Cioffi F.

    Merci pour ce souffle de dépaysement !

  4. RIZZETTO Adriano

    A vous lire on comprend votre enthousiasme et on se réjouit de vous suivre. Ces premières photos sont superbes et nous font envie de voir les suivantes.
    Adriano et Danielle Rizzetto

  5. Carine

    Magnifique texte empli d’inspirations nouvelles !
    Vous n’êtes pas encore partis et déjà je me réjoui de continuer à vous lire 🙂

  6. Doris

    Super chouette vos explications et me réjouis de lire la suite!

  7. Patrice Roch

    Voici une belle aventure qui commence.
    Je suis heureux de vous savoir heureux.
    Merci pour se blog vivant.
    Bisous à vous.

    Patrice

  8. Isabelle et David

    Merci à tous pour vos commentaires. On se réjouit de partager avec vous…
    (??)

  9. Adriano et Danielle

    BONNE ANNEE
    Bon envol pour cette nouvelle étape de votre vie.

  10. Isabelle et David

    Merci ? , une belle année à vous aussi (??)…

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